Noël

Ha Noël !
Nos rues se parent de guirlandes, une ambiance festive s’empare de nos villes, les verres de vin chaud, le temps des cadeaux et des bons repas. Bref, tout le monde semble avoir l’esprit occupé par la venue du père Noël.
Mais, est-ce que le traditionnel personnage barbu et bedonnant ne cache-t-il pas un drame ? En effet, quelque part, dans notre temps, une femme est sur le point d’accoucher et elle ne trouve aucun endroit pour mettre au monde son enfant. Tout comme à Bethléem, aujourd’hui, tout le monde semble bien occupé. Personne ne se préoccupe de celui qui vient : le Fils de Dieu.
Le temps de Noël nous ramène à une réalité de notre foi qui est fondamentale. Elle se déploie en trois temps.
Premier temps : le fils de Dieu est venu. C’est une réalité. Jésus, la deuxième personne de la trinité vient dans notre temps habiter parmi son peuple. Nous sommes la seule religion à professer un tel mystère. Le fils de Dieu s’abaisse pour devenir vrai homme tout en restant vrai Dieu. Beaucoup de théologiens ont essayé d’expliquer ce grand mystère, mais les mots semblent bien insuffisants pour exprimer la grandeur de l’amour de Dieu pour l’homme. En effet, rien n’obligeait Dieu à s’incarner, à assumer les joies et les peines de l’humanité. Mais il l’a fait.
Deuxième temps : le fils de Dieu reviendra. Nous affirmons cela dans notre crédo. Notre monde, dans sa course folle à travers le temps, chemine vers le retour du Christ. Jean-Baptiste nous l’a redit : « …lui qui vient derrière moi et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses sandales ». Sommes-nous restés sourds à l’appel du prophète ? Le temps de l’avent nous a aidés à nous préparer à sa venue future. La liturgie nous permet d’en reprendre conscience.
Troisième temps : c’est la naissance de Jésus aujourd’hui, dans notre cœur. En effet, le miracle de l’incarnation se reproduit aujourd’hui. C’est le cas du baptême par lequel nous sommes faits fils de Dieu par le Fils. C’est aussi le cas dans chacun de nos actes de charité. Dieu est amour. À chaque acte d’amour que nous posons, c’est Dieu qui naît dans notre temps. Ne sous-estimons pas la portée d’un sourire, d’une main tendue. Tous ces actes quotidiens, qui semblent anodins, sont en fait le lieu de l’incarnation dans notre temps : le Bethléem des temps modernes.
Dieu n’est pas un père Noël même s’il vient avec un énorme cadeau pour l’humanité : son fils. Le recevoir est possible en savourant comme il est bon d’aimer ainsi que le disait l’abbé Pierre. N’oublions pas le rendez-vous qu’il nous fixe aujourd’hui dans nos frères, surtout ceux qui sont seuls ou souffrants. N’oublions pas qu’il nous fixe également rendez-vous dans l’eucharistie, en particulier la messe de minuit et celle du jour de Noël. C’est l’occasion de prendre conscience que sur l’autel le Christ vient habiter parmi nous. A chaque Eucharistie, c’est l’incarnation du Christ que nous revivons.
Voilà le mystère qui redonne sens à ce que nous vivons durant le temps de Noël. C’est grâce à ce mystère que nos moments de fraternité du réveillon, les
visites que nous ferons à nos amis ou à notre famille prendront réellement leurs consistances.
Voilà le devoir du chrétien en ce temps : faire naître le Christ aujourd’hui. Ainsi il devient le signe que le Christ est venu, qu’il reviendra et qu’il est avec nous jusque-là fin des temps.